Guide de bienséance à l'usage des Non-morts (5)



Chers amis, bonjour.
Pour un Vârkolaci qui se trouve mis en détention à tort ou à raison, le danger majeur est le risque d'une enquête sur sa vie et ses antécédents. La mise en lumière de certains éléments troublants dans la vie d'un Non-mort peut être très préjudiciable à toute notre communauté. Je ne parle même pas de l'aspect physique qui ne cadre pas avec l'age avancé, l'absence de travail régulier, de numéro de sécurité sociale, de mutuelle et tous ces petits détails mesquins qui sont le lot du monde des hommes. Tous ces indices mis bout-à-bout, peuvent conduire le fonctionnaire tatillon (pléonasme!) à se poser des questions indiscrètes et à considérer le personnage en costume de prix et au visage légèrement hâlé devant lui, comme un membre d'une mafia sud-Américaine. Par bonheur, chers, très chers amis, il y à parmi les amis de notre talentueuse communauté quelque dévoués serviteurs, juges avocats et policiers qui se feront un plaisir de résoudre vos problèmes. La condition sine qua non est de posséder leur nom et numéro de téléphone dans votre agenda. Bien évidemment, suivant la ville ou vous habitez, je me ferai un plaisir de vous communiquer les coordonnées des personnes susceptibles de vous aider. Si malgré tout, vous devez séjourner quelque jours dans un quelconque geôle, on vous aura dépouillé de la plupart de vos possessions. Mon conseil sera donc: pour éviter la promenade sans écran total, débrouillez-vous pour avoir toujours sur vous une attestation d'un spécialiste reconnu, assurant que votre forte photo allergie vous interdit toute exposition à la lumière.
Cependant, la meilleure attitude pour éviter ce genre de situation est la prudence, comme toujours. Vous avez des humains parmi vos amis, vous les invitez à votre table, soyez donc suffisamment intelligents pour ne pas en faire votre plat de résistance. D'étranges plaies qui apparaissent systématiquement à leur cou pourraient porter ombrage à une réputation d'honorabilité savamment construite. Je n'évoque pas le cas d'une disparition pure et simple, rien de plus inconfortable lorsque des regards méfiants se tournent vers vous: il ne vous reste plus qu'à disparaître vous-même, abandonnant un mode de vie chèrement acquis, une place ou vous-vous sentiez à votre aise. Le journal d'Arnold Kol Paole, qui fut un soldat de l'empire Autrichien à été publié en 1730 un peu avant que des villageois excédés ne le clouent dans son cercueil à l'aide du sempiternel pieu de bois (le manque d'imagination de ces gens!). Ce journal, vous pourrez vous le procurer sur simple demande, je peux bien entendu, vous le faire parvenir moyennant les frais de port uniquement. Écrit au jour-le-jour, ce petit ouvrage est une quintessence de ce qu'il convient de ne pas faire, il est la transcription des actes et réflexions d'un individu fraîchement promu à l'état de "Vampyr". Nous pouvons nous éviter les désagréments certains éprouvés par ce pauvre Arnold, en comprenant en premier lieu que l'extraversion est dans notre cas, du plus mauvais goût.
Un Non-mort, digne de ce nom doit, comme je ne peux me lasser de le dire, faire preuve de réserve par rapport à la société des hommes, il doit s'intégrer, se fondre dans la masse, pour ainsi dire. Je comprends parfaitement les jeunes générations, désireuses de vivre leur race et leur état dans l'ostentation et non pas en cachant leur lumière sous le boisseau. Mais il convient de mettre un bémol à cette jeune impétuosité si nous ne voulons pas que des carrières prometteuses se terminent prématurément par l'intervention d'un illuminé brandissant un morceau de bois pointu...
Bien entendu, dans un souci d'intégration, sans avoir recours aux contraignantes crèmes "écran total" il reste ce que l'on nomme: les métiers de la nuit. Les horaires conviennent bien à notre mode de vie, je vous en parlerai dans un prochain billet.
Bonne journée et faites de beaux rêves...

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