Partie de pêche

Au retour, j'ai appris qu'il n'était pas tombé une seule goutte d'eau à 5 ou 6 km à vol d'oiseau de mon camp, Kai, me sachant dans la jungle, la nuit, était un peu inquiet, et il me dit: "Hé! je ne pensais pas que tu reviendrais!" il se marrait, comme d'habitude. Les  singes ont braqué la tente de Stéfano et saccagé sa bouffe, là il n'est pas content du tout, j'ai beau lui conseiller la défense en pointe de bambou qui s'est révélée efficace, il décide de déménager à Ao Son, bon, d'accord, cela me fera une petite balade de 4 km 5, pour aller boire son délicieux café Italien et tailler une bavette, cela me convient. Je lui ai raconté ma nuit en forêt, du coup ça lui donne envie et il me fait promettre que la prochaine fois, on ira ensemble. Le lendemain, je n'étais pas en super forme, résultat de ma courte nuit en forêt. J'ai décidé de me reposer, une petite partie de pêche, serait la bienvenue, faut pas pousser. Dans mon sac, j'ai des hameçons, du fil de nylon, je n'ai plus qu'à trouver de quoi me faire une canne à pêche. Les morceaux de bois ne manquent pas sur la plage, à la limite des marées, les objets divers en plastique non plus. C'est très dommage mais il faut bien le dire, les gens, en général touristes et Thaïs confondus, ne sont pas très respectueux de l'environnement, et balancent tout, n'importe ou, les emballages et les bouteilles de plastique, suivis de prés par les sandales usagées. Les pêcheurs, aiment s'installer dans des endroits déserts pour casser la croûte, mais ils ne ramassent rien, abandonnant tout sur place et quand ils sont en mer, ils ne ramènent jamais rien, tout va à la mer. J'ai souvent remarqué que les touristes ne sont pas en reste, les bouteilles d'eau en plastique vides sont leur contribution la plus fréquente, ça encombre, il n'y à personne, alors on jette! de toute manière les locaux font pareil! voila une raison très logique...
J'ai fini par trouver, une longue perche, des petits flotteurs de filet de pêche, pour le bouchon, et des cailloux pour les plombs, c'est vraiment rudimentaire mais de toute manière, je ne compte pas dépeupler les fonds marins, juste attraper un repas. Je dois aller le plus loin possible après la plage, sur les rochers, cela me semble plus propice, le soleil brille, le ciel est tout bleu, seulement décoré de quelque restes de nuages, qui paressent, oubliée la pluie. Finalement, je suis bloqué, après avoir escaladé tout ce que je pouvais de rocs écaillés, couleur de rouille noirâtre, je m'installe donc, pour appât, pas difficile, au niveau des marées, les rochers pullulent de sorte de bigorneaux, j'appâte avec leur chair ferme qui résiste mieux. Ça ne mords pas vite, mais par contre, j'ai des touches, d'en haut, je vois plein de poissons de petite taille qui harcèlent mon appât. Et hop! et d'un! une quinzaine de centimètres, bleu foncé rayé de jaune, un peu petit à mon goût, j’espérais plus gros, je trouve un creux plein d'eau de mer laissée par la marée, je le dépose dedans, si je n'en attrape pas d'autre, je le remettrai à l'eau. Mon hameçon est un peu gros et les "plombs" en petits cailloux se coincent entre les rochers, je casse deux fois, je dois refaire ma ligne, heureusement, j'ai des bouchons de rechange. J'attrape encore deux poissons de petite taille, argent et noir, ils avalent rarement l'hameçon trop gros, mais je les accroche par les côtés de la bouche. J'en attrape un, argenté légèrement jaunâtre, en le décrochant, je me plante une épine dorsale dans la main, la douleur est très vive, comme une piqûre de guêpe, mais plus douloureux, et ça enfle vite. Bon, je vais claquer ou quoi? non, je survis, la douleur passe, finalement. à sept, je décide de m'arrêter, le soleil lèche les rochers et je commence à fondre, il ne me reste qu'a récupérer mes proies et à faire un feu, ici aussi, le bois ne manque pas. Avec du bambou, je taille de longues tiges ou j'enfile les poissons, que je dispose au-dessus de la braise, je me demande si les deux poissons venimeux que j'ai attrapé ont une chair comestible, mais j'ai pris leurs vies, il est hors de question qu'ils soient morts pour rien, j'ai déjà du remord d'avoir capturé ces jolis poissons de roche. C'est vite cuit, je sale avec un peu d'eau de mer, j'avais très faim et c'est délicieux mais je pense que c'est la dernière fois que je tue des bestioles sans véritable nécessité, je me sens même un peu coupable, c'est idiot, je sais, mais je suis comme ça. Plus tard, après avoir attendu sans véritable anxiété quelque maux de ventre qui m'auraient indiqué que j'étais empoisonné, je suis toujours vivant, bonne nouvelle, mais la pêche c'est fini pour moi, je ne me sens pas trop en prédateur, par contre j'ai bien apprécié la tranquillité du lieu, la mer, le silence, les cris des singes derrière moi. Je m'apprête à partir quand j'entends de petits cris qui attirent mon attention, ce sont deux belles loutres de mer qui jouent dans les vagues et je suis resté un moment à les observer, ces animaux innocents qui s'amusent à rouler dans l'eau comme des enfants. Finie la pêche, demain, je retourne dans la jungle...

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