Je ne savais pas...

Koh Bulon, Thailande

 

 
Une longue période vient de s'écouler sans que je ressente l'envie d’écrire un billet. Je suis officiellement retraité depuis Septembre 2020 et il m'a fallu tout ce temps pour m'adapter à une nouvelle vie sans les contraintes du travail. Plus de temps libre, des horaires à ma convenance l'envie de partir encore.
Bien évidemment, la pandémie à mis un frein à mes ambitions d'oiseau voyageur. Mes ailes coupées, coincé derrière les barreaux d'une cage nommée "Covid", j'aspire à de meilleurs jours. Comme une part importante de l'humanité, je ne suis qu'un marcheur peinant à sortir ses pieds d'une boue collante et nauséabonde.
Je me sens comme jamais Citoyen du Monde, partageant l'incertitude sur notre illusoire liberté et le sentiment d'être à la merci des ambitions  personnelles des gouvernants. Résistant à la tentation de m'apitoyer sur mon propre sort, je peux voir la détresse et la misère croissante de ceux qui n'existent pas. Ils sont légion, les humains oubliés qui aspirent à une légitime part d'une félicité tranquille. Du fond de leur précaire existence, ils sont nos frères, nos parents, nous partageons l' ADN de nos origines Africaines. La race est une idée futile et dangereuse imprimée dans nos cerveaux malléables, nous sommes tous parents de ces tribus assoiffées de nouveaux horizons en un temps ou l'idée de voyage d'agrément n'existait pas. Posez-vous cette seule question: de quelle couleur étaient vos ancêtres?. On nous sert sur un plateau les images rassurantes mais stupides d'ancêtres hommes-singes... blancs!(sous les poils). Faites seulement le point sur les idées fausses et pernicieuses qu'on nous à inculqué au fil des siècles. Ce n'est pas mon propos de donner des exemples mais c'est la responsabilité de chacun d'ouvrir véritablement les yeux, de porter sur notre société un regard critique et lucide.
Je sais bien comme l'ego est puissant en chacun de nous mais en ces temps incertains il est facile de se replier sur soi et d'oublier un peu plus cette émotion qu'est la compassion, condition essentielle pour se réclamer humain.

Koh Bulon, Thailande


Je pensais ne pas voir de mon vivant ce que j'imaginais bien advenir un jour. C'était inévitable, il était présomptueux de penser que notre technologie balbutiante pût nous éviter ce genre de désagrément.
Les épidémies font partie de notre histoire, c'est ainsi que la nature nous à donné la preuve que notre vie si parfaite ne l'était pas.
Notre orgueil, notre couardise, et la foi stupide en des faits  invérifiables ont alimenté une agitation complotiste d'une imbécilité sans fond. Il n'y à qu'un seul complot, si complot il y à: plus un humain possède, plus l'avidité croît en lui, et comme chaque désir de pouvoir qui pousse en vous ses métastases, elle prends la place de quelque chose de meilleur..
Nous voulons du confort, dans nos pensées comme dans notre quotidien alors il faut repousser la tristesse et la misère ou bien tenter de le faire. Si vous avez peur du mendiant, peur de voir ses plaies visibles ou invisibles, si vous le regardez comme un objet déplaisant qui gâche votre vision du monde
Si vous n'imaginez surtout pas quelles peuvent être ses pensées ni même qu'il puisse en avoir alors je ne vous envie pas, que vous soyez pauvre ou riche votre vie intérieure ressemble alors à l'ombre incertaine qui rôde dans les lieux mal éclairés.
Comme la vie me l'a appris je sais que rien n'est noir ou blanc et que le gris à des nuances infinies. Ce n'est pas moi qui l'ai constaté le premier évidemment, mais même dans le plus néfaste évènement il y à une parcelle de lumière, cela tient à la manière de le regarder en face, les yeux écarquillés.

On dirait que malgré ou grâce au fait qu'on ne peut plus faire semblant d'ignorer la réalité, les peuples commencent à émerger du sommeil, timidement. J'ai toujours l'espoir, c'est aussi une manière de me rassurer et c'est également un élément important qui nous à permis de survivre.
je suis donc partagé également entre l'espoir et l'incertitude quand je regarde les photos de cette minuscule île de la mer Andaman ou j'étais réfugié il y a déjà une longue année. Donnez-moi du ciel, de ce bleu qui vous mange le cœur. Quand je pense plus bleu que bleu, reviennent en foule des émotions qui me bouleversent, je revois le pays Wezo à Madagascar, contrée de sable brûlée de soleil ou la mer est mère des hommes, le gigantesque ventre de pierre que l'on nomme "toit du monde" et ses sommets enneigés repeints par un crépuscule enflammé. J'ai dans mon crâne l'image brune et verte du majestueux fleuve Amazone et sa couleur se confond avec celle du Mékong, Mae nam kong la mère des eaux. 

Delta de l'Amazone, Bresil

Et je vois aussi ma petite fille, la minuscule rose et son insatiable appétit de connaître, je suis sûr qu'elle sera une voyageuse pour dévorer, mais seulement des yeux et du cœur, ce qui restera des beautés de notre Terre. Sa vision conditionnera sa vie et comme tout grand-parent ou presque tous, je souhaite que cette vie soit pleine de choses qu'elle ne regrettera jamais avoir faites ou vécues. Les regrets ne génèrent rien d'autre qu'un apitoiement sur soi-même et un repli sur le passé, il suffit de constater nos manquements et d'y mettre un terme. Je sais, ce n'est pas toujours facile j'en fais l'expérience chaque jour mais ce qui est bon pour nous est souvent rébarbatif à nos yeux.

Cantho, delta du Mekong, Vietnam


Je suis un voyageur aux pieds entravés et le temps me semble long, alors dans mes confinements successifs j'ai dépensé mon trop-plein de temps libre en diverses occupations à part le bricolage (J'ai un peu perdu le goût de manier des outils!). J'ai visionné un paquet de films, écouté tous les genres musicaux lu pas mal de bouquins et perdu des heures -voire des nuits-dans les jeux video de rôle ou de tir. J'ai commencé, sur les conseils de ma fille, par un jeu de survie qui s'appelle "Green hell", l'enfer vert. Un truc esthétiquement super réussi et qui me rappelait furieusement mes balades dans la jungle, j'ai enchainé avec d'autres et durant au moins deux mois j'ai parcouru l’Amazonie, j'ai fait le coup de feu sur une ile perdue du pacifique et combattu les cartels en Bolivie... j'en oubliais la bouffe sur le feu, l'heure, la date. C'était une manière virtuelle de voyager de visiter d'autres terres (ah, les "mondes ouverts"!) mais qui me laisse un peu sur ma faim. j'ai fini par me souvenir que ce sont seulement des images.
 

Voyager avec un masque sur la figure observer les distanciations, se faire contrôler et regarder comme un potentiel porteur de virus ce n'est pas voyager, j'aime les contacts avec les gens, les restaurants de rue, la cohue sur les marchés la vie normale, quoi... Alors j'attends des temps meilleurs.
J'oubliais, je me suis aussi intéressé à l'actualité, suivi la série horrifique: "Trump président des EU" et le thriller policier "c'est pas nous!", vu les photos des visages tuméfiés et les membres mutilés des populations qui osaient s'opposer au pouvoir, les violences, les gaz... Pourquoi veut-on toujours gazer ceux qui vous gênent? et pourquoi les donneurs d'ordres ne sont jamais responsables?. Ce sont des questions qui n'appellent pas de réponses à part pour les esprits candides..


Petite Rose, souviens-toi de moi quand tu contempleras la montagne sous le soleil, des cieux incendiés aux couleurs broyées ou les eaux d'aigue marine pure sur les sables coralliens, je serai là si tu ne m'oublie pas, tu es si jeune et je me sens parfois si vieux, ce monde est sans pitié sois une de celles qui aideront à le changer, je te le dis parce que personne ne me l'a jamais dit, je ne savais pas...







Bakhtapur, Népal

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