Le monde dans ton sac à dos..





Pas volubile sur son blog, le gars... Ouais, fatigué surtout, du boulot et pas du facile. Monter des échafaudages passé 60 balais, c'est crevant. Se trimballer du matos dont le moindre élément pèse entre 8 et 25 kg, durant toute une journée, tout une semaine, tout un mois et plus, vous laisse plein de courbatures(les lombaires surtout!). C'est là qu'on se rends compte de la vanité à vouloir oublier son âge, baisse de tension, et dans la salle de bains, je suis tombé comme une masse. Comme si le courant était soudain coupé, plus rien, le noir total, j'ai ouvert les yeux quelques instants plus tard, le front ensanglanté, la lèvre enflée. Je m'étais cogné contre le bac de douche en tombant, la fatigue et la tension basse, le cerveau à cessé d'être irrigué. J'étais tremblant et tuméfié, je me suis traîné au plumard et j'ai dormi deux heures.
J'avais l'occasion de faire rentrer un peu de blé mais j'avais oublié que je fais ça depuis trop longtemps et que le fric gagné ne rembourse pas le temps de vie perdu...
Alors je me rattrape comme je peux, je tente de vivre les jours donnés pour cet argent qui est devenu un personnage à part entière de notre vie; illusions, sans doute. Mais je veux profiter de ces instants que je prends, que je vole presque. Je veux embrasser des bouts de monde, m'injecter des morceaux de bonheur comme on se fait un "fix" d'heroïne, avec la même addiction mais sans la déchéance. Le voyage est ma "dope", ce qui me permet de tenir debout, ce qui me rends vivant, ce qui me donne l'occasion de comprendre mes frères en humanité et de les aimer malgré tout.
Comme si je franchissais une porte sur une autre dimension, je change d'univers, de décor. Mon esprit change, mes pensées aussi, familier et étranger, rassurant et hostile, le monde sort de l'imaginaire et devient réel.
Nous ne cessons pas de nous bercer d'illusions; L'illusion de maîtriser notre univers, l'illusion de maîtriser notre vie, de maîtriser la nature, les evenements, les cours de la bourse, et ainsi de suite. Quelle deception de constater un jour que tout cela n'est qu'une vanité dans nos pays riches ou de plus en plus de gens sont pauvres. Nous sommes soumis au hasard, aux aléas de l'existence, à notre condition d'humains faillibles et fragiles. On peut se muscler, s'enrichir, devenir un combattant hors-pair, un sportif de haut niveau, un gagnant ou n'avoir aucune ambition et de la même manière un jour, être réduit à l'impuissance, à la faiblesse à la défaite. En réalité tout ceci n'a aucune importance, il s'agit seulement du cours normal des choses, quoique nous fassions, nous sommes impuissants à tout contrôler, la seule manière d'avoir un contrôle sur l'avenir de ce monde serait d'en finir avec cet égoïsme qui nous gangrène, nous rends intolérants.
L'autre, l'étranger, le voisin, l'inconnu, celui qui veut nous prendre notre bien, grignoter notre petit bonheur mesquin, faucher la bagnole, le four à micro-ondes, l'écran plasma, le fric, on le hait sans le connaître, on lui en veut sans savoir qui il est. Il fait peur, il est crade, il est pauvre, ses chiards braillent, il vole pour bouffer.
Pourtant il est comme nous, cet alien aux mœurs barbares, il veut survivre dans un monde difficile, un monde fabriqué de toutes pièces par l'espèce dominante sur cette planète: l'homme... Il n'y aurait à manger que des patates, des saucissons et du steak, vous pouvez êtres sûrs qu'une minorité trouverait le moyen de se récupérer le sauciflard et la viande tandis que les autres devraient se contenter de patates. Vous m'objecterez que les mangeurs de patate plus nombreux, pourraient se révolter et piquer la bidoche mais il suffit de refiler quelque rondelles de saucisson à des costauds pas trop malins pour s'en faire des alliés et s'en sortir sans problèmes: toute l'histoire du monde...
Bon, je me suis un peu éloigné de mon idée, ou peut-être pas tant que ça. Voyager, en principe mais ce n'est pas toujours vrai, c'est sortir de sa zone de confort, ça exclut hôtels de luxe, piscines et jacuzzi, tours organisés. Cela veut dire aller à la rencontre des gens véritables et comprendre un peu plus nos voisins sur la planète, c'est faire du monde un seul pays et des humains notre famille, une utopie au présent mais je l'espère, un avenir, un futur sans doute lointain mais qui se prépare maintenant. Il n'y à pas d'alternative, le respect du vivant, la compassion, le partage des ressources, sont notre seul espoir, sans cela l'humanité est condamnée. Il nous faut grandir, devenir adultes en ne gardant de l'enfance que le rêve et la poésie sans la cruauté, se donner la curiosité de voir la planète avec des yeux neufs, prendre une valise et partir en n'emportant que notre ignorance, s'efforcer de contempler avec innocence et en tirer nos propres leçons.. que puis-je dire de plus?

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