Une chimère...



Dans une moitié de jour, un peintre du trottoir siffle une passante. Non pas un appel
équivoque, mais un chant inventé pour elle. Dans un atelier de plein air, elle s’assied avec
une idée d’amour. Le geste lent, elle allume une petite pipe en écume. Le visage d’un vieil
homme, le jour de sa dernière nuit, s’estompe, et un pastel de couleurs, l’engourdit. Les
caprices d’un enfant, comme une énergie sans colère, font tournoyer la terre. Une eau,  mer
d’aquarelle, l’éclabousse. Un narcisse va fleurir.

Une chimère se baignait dans le bleu d’un miroir. Un baladin , voyageur de la nuit, s’est
penché sur ton reflet. Le poing serré, tu t’es lovée contre lui, les brasiers de la saint jean,
illuminaient la terre. Le vent soufflait, et tu volais, tu plongeais, et un parfum de musc,
comme un terreau de poudre brune te fit te cambrer.  Un homme chantait sa femme oiseau,
envolée un jour de tempête, et ce songe , comme une présence obsédante te frôlait.Les bras
levés, dans une nuit qui te protège, tu lui inventais des ailes.

Un brouillard bleuté s’est glissé entre les voilages de ma maison. Et le vent qui soufflait,
comme sur un bateau, m’a emmenée.Sur une embarcation de fortune, tu le cherches tout
autour des mers. Une mer de bleu et de noir confondue, qui s’est inventée une couleur.Juste
un poisson-lune éclaire ton chemin. Tu écumes les nuits, un baldaquin, contre un ciel
d’orage. Un serpent de mer s’est perdu et, vêtue d’une cape ruisselante tu l’attends. Quelque
part un homme chante. Et une femme, dans ses rêves, lui sourit.


Marguerite






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