Pilipinas (2)

Frank veut développer la région et pas seulement en termes touristiques, il voudrait créer une école d'arts martiaux ou de danse, ou les deux. Il fourmille de projets et cherche des appuis, il à donc voulu rencontrer l'homme le plus important de la région: Rodrigo Duterte, maire de Davao. Il fallait pour cela se rendre dans le fief de Duterte et je l'ai accompagné ainsi que Léa. A Davao nous devions retrouver une de leurs connaissances: Sheila, jeune journaliste à la télé locale et qui devait nous arranger un rendez-vous.
Malheureusement il s’avéra que Mr Duterte se trouvait alors à Cébu, en pleine campagne pour les présidentielles. Donc nous avons rencontré son ami et homme de confiance: Dick Togonon. Il nous à conviés à son petit déjeuner et nous à fait prendre à notre hôtel par un dynamique jeune homme qui nous à transporté dans la banlieue chic à bord d'un 4x4 flambant neuf. La maison de l'avocat est bien moins grande et pompeuse que je m'y attendais mais par rapport aux paillotes dans lesquelles vivent beaucoup de gens dans la région, c'est un palais. Il nous accueille chaleureusement, ainsi que son épouse, très "bonne société" mais plutôt simple elle aussi, pas de bijoux de prix sur elle ni d'objets luxueux dans la maison. Il nous faut dire les grâces avant d'entamer le plantureux petit dej', celle là je ne l'avais pas vue venir mais tout le monde, y compris moi, prends un air inspiré tandis que Mr Togonon exprime des remerciements à la divinité pour ce repas qui nous tends les bras.C'est vrai qu'il à bien fait les choses, ou du moins, sa cuisinière et l'employée de maison qui nous à servi. Il y à des légumes, des fruits, des œufs, du poisson et des pâtisseries, le tout à la mode Philippine et j'ai une faim de loup.

Mr Togonon, assis tout au bout de la table

Madame Togonon me fait la causette, Frank discute avec le maître de maison qui interroge aussi Léa et Sheila ainsi que moi-même. Il disserte un peu sur les "bandits" qu'il faut ramener à la raison pour "leur montrer la voie". A vrai dire le terme "bandits" englobe les trafiquants de drogue et les groupes armés avec qui ils sont souvent en cheville pour raisons financières: Les Maoïstes de la "New people's army", les islamistes du "Moro national libération organisation", Abu Sayyaf, le "Front Moro islamique de libération". les trois derniers étant surtout présents ici, à Mindanao. Il y à eu beaucoup de morts et de violences, des velléités d'accords de paix contestés par le front Moro islamique, ce qui s'est soldé par un épisode en 2013, connu sous le nom de "bataille de Zamboanga" et qui s'est déroulé dans la péninsule du même nom. Un grand classique de ces insurrections politico-religieuses avec prises d'otages et boucliers humains et qui s'est soldé par une soixantaine de morts, un accord de paix, et la promesse d'une région autonome sur l'île de Mindanao.
Plus tard, nous faisons connaissance des filles de Mr Togonon, l'une d'elles est mariée avec un jeune policier à la carrure impressionnante, Il est intéressé par l'activité annexe de Frank: garde du corps et demande des détails, moi je commence à décrocher de tous ces blablas. Finalement ce sont les au-revoir, on à droit à une autre prière de notre hôte, pour nous accompagner dans nos projets. Nous voilà remontés dans le 4x4 climatisé et on nous ramène à notre hôtel, j'ai quand même été assez bluffé par l'accueil, quel politicard de chez nous inviterait de parfaits inconnus à un petit dèj' servi à son propre domicile?
A l'époque, c'est à dire Février de cette année, "Rody" Rodrigo Duterte, n'était encore qu'un candidat présidentiable parmi d'autres mais déjà connu pour sa "pacification" de Davao et de la région. Il est vrai que sa politique de "tolérance zéro" contre les mafiosi locaux et les trafiquants de drogue à ému les militants des droits de l'homme. Il à formé à Davao une sorte de "brigade de la mort" constituée de policiers et destinée à supprimer purement et simplement les fauteurs de troubles. A l'étranger il paraît comme une sorte de "Trump" Philippin, avec des déclarations violentes, tonitruantes et souvent sexistes, vulgaires même.  Mais il s'est également fait des ennemis qui veulent sa peau, des parrains de la mafia ont offert des millions de dollars pour sa tête, cependant, qui osera la prendre? C'est une réalité que la violence dans ce pays, les armes à feu circulent dans toutes les Philippines et il existe quantité d'artisans capables de vous fabriquer un pistolet automatique ou un pistolet-mitrailleur, souvent simplifié mais effectif (J'en ai rencontré un à Tagbina).
Ainsi le nouveau président adopte une attitude volontairement très offensive, agressive même et le fait d'avoir insulté l'ambassadeur Américain et avant son élection, le pape François lui-même, n'est que la volonté d'affirmer son indépendance. La lutte contre la corruption est aussi son cheval de bataille et si il est vraiment sérieux à ce sujet, ce qui reste à voir, ça risque de lui faire des ennemis supplémentaires mais je crois qu'il lui suffit de savoir ou sont ses amis. Espérons seulement que tout cela ne va pas dégénérer en une espèce de dictature populiste à la mode Philippine.

Il est interdit de fumer dans tout l'espace public de Davao!

Frank est reparti vers Hong-kong ou il exerce en ce moment le boulot de prof d'Anglais et sa maison, le "Klub safari" paraît vide, je suis reparti moi aussi et je fais des plans pour revenir. Vu d'ici, ça paraît tellement loin, le village de Tagbina et sa poignée de baraques sur le bord de la route, les gens que j'y ai connus,
les endroits ou j'ai marché, de l'autre côté du monde contre l'épaule bleue de l'Océan Pacifique...