Juste une île et moi tout seul



J'ai crapoté plus de dix jours à Bangkok et ses anges commençaient à sentir le moisi et puis j'ai pris le train. Le train couchettes en Thaïlande ressemble à un train normal avec des banquettes. Le soir venant, un employé se présente et transforme les sièges du bas en couchette, il déplie le truc en haut qui en est une autre, accroche des rideaux, c'est magique!. Il faut savoir, mais vous l'avez deviné, que ce n'est pas le TGV, il faut 16 heures là ou notre transport national  en mettrait un peu plus de quatre... Pourtant ça à du charme, les gens sont aimables voire prévenants et puis quelle aventure ce serait si tout était facile... A Hat Yai, des gouttes de pluie ont agrémenté mon arrivée, j'avais perdu onze jours, par chance il m'en restait encore bien plus...
Au bout de deux jours, la pluie s'est calmée et j'ai quitté HY pour Pakbara, le port d'embarquement vers Tarutao. Le ciel apaisé, le soleil brûlait les nuques courbées sous le sac à dos.
Je suis monté dans le "speedboat" fébrile comme si je devais rencontrer une douce fiancée et le trajet un peu chaotique à cause des fortes vagues n'a été qu'une formalité. Il n'y avait que deux personnes, des Thaïs, en plus de moi qui débarquaient sur Tarutao, je crus y voir un bon présage.

J'aime cette sensation de poser le pied quelque part et reconnaître une virginité épargnée, après des mois, des années, une identité inchangée.
Cette fois, je ne suis pas resté à Molae, ces foutus macaques m'ont découragé, Stefano mon pote Rital, m'avait réservé un lit à Ao son. C'était une bonne idée car il s'est avéré que la direction du parc avait décidé de refaire, je ne sais trop pour quoi, la route de Ao Molae vers Ao Son en beau et solide béton.
Les ouvriers et leurs tractopelles et autres camions étaient basés à Molae, une grosse barge rouillée accostée dans la jolie baie, des tas de gravier au pied des cocotiers, des ornières de gros pneus sur la plage.
J'étais heureux de ne pas être là, trop de bruit et de fureur en plus des intempéries, autant pour l'identité inchangée, là par contre, c'était plutôt un mauvais présage...
Je me suis installé dans le bungalow en me disant que le lendemain je partirai aux aurores, le pied agile et le coeur léger. Mais le lendemain, il pleuvait. L'averse m'avait réveillé de bonne heure, le jour pointait à peine mais deux heures plus tard il pleuvait toujours. Heureusement j'avais de la musique et de la lecture, de quoi passer le temps de manière plus agréable mais ça me fichait le bourdon quand je pensais au ciel bleu sur la Gironde juste avant mon départ.
Saint Emilion en Décembre!
Moins de bleu,,, c'est beau aussi

J'ai eu droit à deux ou trois jours du même style, entrecoupés de conversations avec Stefano, de tentatives de balades humides. Et puis, miracle! le soleil, ce bon vieil astre sans qui nous ne serions pas là à squatter la planète, à repointé son museau brûlant. Du coup, après un rapide déjeuner matinal, j'ai fait mon sac et je suis parti, de gros nuages blancs se pavanaient dans un ciel d'azur, j'ai longé la plage et je me suis enfoncé dans la jungle enfin...

Bien entendu, dès que je touchais la moindre plante, le moindre arbuste chargé de gouttes d'eau, je me faisais arroser et au bout d'une heure j'étais déjà trempé mais je m'en foutais. Tout seul dans le vert, entouré par les arbres et le chant des oiseaux, j'avais rejoint mon rêve, je n'étais qu'un animal humain au cœur du monde. C'est ainsi que je le ressentais et cette pensée me faisait oublier tout le reste.
 


 




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