L'inaccessible étoile










Maintenant j'ai vraiment envie de partir, quitter mon nid pour l'espace. Pour un temps relativement court, j'aime les villes, les villes de vie et de souffrance, de bonheur et de fraternité. Pour cela, j'aime Bangkok au nom véritable qui ne peut être prononcé par nous, les farangs. J'aime Bangkok, la cité des anges ou il n'y à pas d'anges, juste des gens qui survivent comme partout des gens simples, des filles qui tentent de gagner une vie meilleure en vendant leur corps gracile, des pauvres, dans les baraques déguinglées sous les piles de béton des autoroutes. Et puis tout un tas, une multitude d'habitants anonymes qui comme nous, cherchent une part de bonheur. Comme des damnés, chaque jour chaque nuit, ils tentent de gagner leur part de paradis. Si vous venez ici, vous pourrez les croiser dans les rues et vous serez étonnés à quel point ils vous sont semblables, si vous prenez la peine de les connaître. C'est l'essence même du voyage, connaître les gens, soupeser et trouver comme notre sœur, l'âme de ces gens d'ailleurs, si près, si proches que le racisme n'est qu'une aberration d'esprits malades..
Ce que j'aime dans ces villes d'Asie; et cela devient moins vrai chaque jour; c'est cette habitude culturelle de vivre au-dehors, de rendre les rues plus vivantes que dans nos cités moribondes. Un jour, c'est certain, Pnohm penh, Djakarta ou Saïgon finiront par ressembler à ce modèle insipide, le nôtre, qui semble tellement les séduire. Ce jour venu, je ne serai plus là, mais avec orgueil, par delà le néant je dirais: "J'ai connu la vieille Asie, les villages en bois de teck au bord du fleuve Mékong, les fragiles palais de brique du Népal, les maisons sur pilotis dans le delta de l'Irrawady, le pays aux trois moissons de riz par an. Je suis Bouddhiste, Musulman et Chrétien tout à la fois, seul m'importe l'aboutissement, pouvoir m'asseoir dans un espace et me vendre sans rien y gagner, sans rien perdre et en laissant tout ce que je n'ai pas ou que je crois posséder..".
De mes bras, mes simple bras de chair, j'embrasse le monde, vous y êtes aussi, vous qui me lisez, humains de mon espèce, à la recherche de l'impossible étoile, l'introuvable bonheur, l'éclair de jouissance qui nous laissera dans l'illusion que nous sommes heureux.

Commentaires

Articles les plus consultés