Koh Tarutao (4)




Récemment sur l'île, les autorités ont décidé de finir de bétonner la route depuis Ao Molae jusqu'à Ao Son. J'ignore pourquoi certaines parties, depuis toujours, étaient faites de dalles de béton qui soudain se transformaient en chemin de terre caillouteux et parfois boueux par temps de pluie.

Une hideuse barge de ferraille toute rouillée transportant ouvriers et matériel est venue accoster sur la belle baie d'Ao Molae, déchargeant tonnes de gravier, bétonnières et bulldozers au pied des vieux cocotiers. Heureusement pour moi, j'avais décidé de fuir une autre nuisance: les Macaques..
Pas sympa le Macaque

Tous ceux qui passent par ici vous le diront: les singes sont une véritable plaie, voleurs et agressifs. Ils obligent à une constante vigilance dans leur voisinage et pour ceux qui louent un bungalow, ils vous obligent à garder portes et fenêtres fermées alors que faute d’électricité, il n'y à bien sûr ni climatisation, ni ventilation. Pour les campeurs, il faut confier tous les jours les bagages à la garde des rangers du parc et ne pas fermer la tente, même si ces intelligents primates savent ouvrir une fermeture éclair, la malveillance dont ils font souvent preuve les pousse à déchirer la toile. Au restaurant, ils n'hésitent pas à sauter par surprise sur votre assiette pour s'emparer d'une poignée de nourriture, les sacs sans surveillance sont fouillés et vidés, tout ce qui ressemble à un sac en plastique est systématiquement déchiqueté. J'en ai vu emporter un appareil photo au sommet d'un cocotier avant de le laisser tomber, mordre du savon pour en vérifier la valeur comestible ou déchirer avec les dents le tube de dentifrice à l'aspect savoureux. Plus grave: il arrivent parfois qu'ils s'attaquent à des humains assez stupides pour les provoquer ou même sans provocation; je me souviens avoir vu un gamin se faire mordre simplement sans doute, pour avoir paru faible et sans danger.
A la décharge des Macaques, je dirai qu'ils ne sont pas totalement responsables de ces méfaits, perpétrés uniquement pour s'approprier de la nourriture dont ils savent ou croient les humains détenteurs. Ce sont les touristes qui les ont habitués à recevoir de la nourriture de leurs mains dans le but de les attirer pour les photographier(ils sont si mignons!). Détestable réflexe de l'Homo Touristicus qui à au fil des années, leur à donné de bien mauvaises habitudes. Nos intelligents cousins primates ont bien vite compris que nous étions lents et peu dangereux, que nous voler était un exercice stimulant et souvent fructueux. Je me suis parfois demandé si ils n'avaient pas aussi un brin de mépris pour ces humains si stupides et peu combatifs.
Il faut également noter qu'il est interdit de nourrir les singes sur le site du parc. Du temps ou cette injonction était plus ou moins respectée, il y avait des panneaux d'avertissement apposés à la réception et aux restaurants (don't feed the monkeys). Mais la fringale de photographier un animal "sauvage" comme preuve supplémentaire de leur trip "aventureux" ont rendu ces avertissements quasiment obsolètes.

Donc, bétonner la route, surtout pour ceux qui louent des VTT, paraît une bonne idée, si ce n'était que durant le temps des travaux -environ 1 mois- les ouvriers du chantier n'ont eu de cesse de chasser les animaux, et aussi accessoirement, de couper un arbre qu'ils appellent ici "Malaria tree". A part sa réputation de soigner le paludisme, cet arbre à l'aspect étrange: long et mince tronc avec tout en haut une couronne de fines branches ou de pétioles, supportant de petites feuilles ovales et pointues. En plus de sa relative rareté ce végétal à la réputation de "renforcer" la virilité. Le tronc est débité en petits morceaux et mis à macérer dans de l'alcool de riz. Le résultat final donne le "ya dong", boisson rosâtre au goût un peu étrange et aux propriétés si-disant médicinales mais dont la principale est de provoquer l'ivresse. Tout ceci m’a conforté dans l'idée que cet île relativement protégée par son statut de parc national pouvait être à tout moment pillée sans vergogne.

 Les Thaïlandais, très fiers de leur patrimoine historique n'ont guère de respect pour la nature de leur pays et c'est dommage. Il n'y à qu'à aller jeter un coup d’œil à la limite des marées sur les plages les moins fréquentées pour comprendre: juste au pied de la végétation la mer à rejeté une bonne partie des déchets -verre ou plastique- dont se sont débarrassés les nombreuses embarcations de pêcheurs et les habitants des îles proches, surtout Koh Lipe et Koh Bulon. Il est probable que les courants apportent aussi leur lot de déchets depuis l'ile Malaisienne voisine: Pulau Langkawi. Les Malaisiens n'ont pas de leçons à donner en matière d'environnement: j'ai vu comment ils traitent la magnifique forêt tropicale de Bornéo, transformée petit-à petit en plantation de palmier à huile. Je longeais la jungle en bus vers Lundu, village d’où on accède à la réserve naturelle de Gunung Gading et brusquement, tout de suite après cette profusion de vie, j'ai vu la jungle rasée jusqu'à la terre et la terre retournée comme si on voulait faire disparaître jusqu'au souvenir de la merveilleuse entité qu'ils avaient détruite. Seules subsistaient quelque branches desséchées et des souches oubliées sur des kilomètres. Pour un gars comme moi, qui aime passionnément la nature, c'est une image qu'il est difficile d'oublier.
D'ailleurs, le parc lui-même, heureusement situé sur une montagne, voit sa forêt grignotée de toutes parts, j'ai beau espérer, je ne peux m'empêcher de penser que tout ceci est inéluctable, tant que les gens n'ont pas pris réellement conscience de l'ampleur du désastre.

Pour en revenir à Tarutao, seules les 2 plages les plus fréquentées sont nettoyées, Ao Jak et Ao son sont abandonnées à leur sort de même que tout le littoral peu accessible. En revanche, maintenant, les bouteilles plastique et canettes en métal sont récupérées et expédiées sur le continent pour recyclage, à condition bien sûr qu'elles soient jetées dans les poubelles qui leur sont dédiées.
 Sur le bord de la piste, il n'est pas rare de trouver  des emballages divers balancés par les promeneurs, des mégots et bien sûr les habituelles bouteilles d'eau qui deviennent si encombrantes quand elles sont vides!

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