L'hiver chez moi


L'hiver chez moi.. Je ne savais plus à quel point cela pouvait être triste et ennuyeux. Vingt années environ que je n'avais passé la saison froide dans la petite ville ou j'habite. Le changement climatique à durant cette période transformé les hivers de frimas en saison grise et pluvieuse, venteuse et inhospitalière. Le froid n'est pas absent hélas, mais le gris est la couleur sans imagination qui enveloppe nos vies et nos âmes.
Et puis: miracle! ce matin, ce Samedi matin sous un ciel bleu, le soleil levant commence à caresser les feuillages sucrés de givre. Après des mois de pluie dépressive, cela m'a paru ressembler au paradis. J'ai chaussé mes godillots et suis parti dans ce matin tout neuf. Ces pluies incessantes avaient grossi les étangs et inondé les chemins de terre, je dus grimper sur la dune et m'exposer au vent froid. Mais la marche rapide avait réchauffé mon corps, je ne sentais que le soleil sur mon visage, le bienfaisant soleil si chaud si brillant, j'avais presque oublié sa chaleur.
Les chemins inondés


Le courant, courte rivière, d'une étrange beauté ce matin.

Je me languis des horizons lointains, des brillances et des parfums, des couleurs et de la chaleur. Je ne suis pas un homme du froid, j'ai toujours pensé que si l'enfer existait il serait de glace et de grisaille, d'un froid mordant et dévorant, celui qui vous engourdit avant de vous tuer...
Ce matin me réconcilie avec l'hiver et avec le monde, au moins pour une journée, j'ai dans ma poitrine le doux souffle de la jeunesse et de l'espoir. Ces sensations puissantes et légères, embaumées par le souffle salé de l'océan proche, rendent mon corps léger, gomment ma peine et mon souci. L’énergie monte du sol sableux, des herbes rases, des bois morts, des pins tordus, torturés par les vents. La nature est un esprit multiforme d'harmonie et de chaos ordonné, elle est ce que les hommes superstitieux ont appelé: "Dieu". La nature est son propre temple, sa basilique et sa mosquée, elle n’a pas de livre ni de rites, pas de paroles sacrées.
Sucrées de givre
Le silence et la paix!


Il suffit seulement de respecter l'homme et l'arbre, le hérisson et le crapaud, il suffit d'être capable d'une empathie véritable, il n'y à rien d'autre. C'est tout ce que je ressens, assis sur la dune givrée, le visage dans le soleil. Au pied de la pente sableuse un lapin cavale en montrant son cul blanc, je me sens bien pour la première fois depuis des semaines.
La jungle me manque, la moiteur, les bestioles, les feuillages, l'eau cristalline qui me lave à l'intérieur, l'immersion au sein du monde, l'effort qui éprouve mes résistances...

Un chevreuil est passé d'un pied léger.
Ici les sangliers viennent se frotter la panse..

C'est une certitude, dès que j'ai résolu ce problème de logement, quoi qu'il advienne, je pars... Peut-être à Gênes, voir Stéfano. C'est une idée séduisante: j'avais 16 ans la dernière fois que je suis allé en Italie si loin et si près à la fois.Je me rends compte que ce Rital est vraiment devenu un ami, je veux dire une chaleur amicale du genre qui vous aide à affronter l'adversité. Il me donne en plus l'occasion de renouer avec le passé et j'adore ça, je suis un foutu nostalgique, pas larmoyant "c'est plus comme avant" et tout ça. Non, je frémis de plaisir à l'idée de revoir les choses anciennes d'un œil différent, il faut que je bouge, l'immobilisme est une petite mort....
Le temps humide redonne vie aux lichens.

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