Plus bleu à Tulang Dako


Danny, moto-taxi de Pacijan tenait à m'emmener, (pour un prix à ma convenance...) vers le nord de l'île à un endroit qui s'appelle Tulang Dako. Il fait beau, la balade est sympa, nous remontons la route que j'ai déjà parcourue jusqu'à Consuelo, puis au-delà. Ici on à toujours l"impression d'être à la campagne, pas d'immeubles ni d'agglomérations grouillantes, des exploitations agricoles, des chèvres, qui crapahutent partout,des vaches placides. Les maisons basses sont souvent composite, partie en dur, partie en matériaux traditionnels: bambou tressé et nipa ou tôle ondulée.
Et puis nous y voilà: quelque maisonnettes au bord d'une plage étincelante de blancheur, une mer du plus beau bleu. Le voyageur devrait être blasé des plages blanches et de l'eau turquoise, et bien, non... Cette vue nous bouleverse toujours, nous fait sentir vraiment ailleurs, elle repeint la grisaille que nous avons laissée là-bas, chez nous.
En face de la plage se trouve une île minuscule. Un pêcheur accompagné de sa fille, propose de nous y emmener en pirogue mais je ne vois pas trop l’intérêt de faire un aller-retour en face pour voir exactement la même chose qu'ici. Je crois que je me laisse gagner par la nonchalance ambiante...
Je laisse Danny bavarder avec le pêcheur et je vais me balader le long de la mer, le calme et la paix règnent, un chien à zéro de tension ronfle à l'ombre, rien ne bouge. Seuls les bateaux amarrés près du bord, dansent doucement au rythme du clapot. Fidèle à mes habitudes, je m'assois à l'ombre, près d'un bateau tiré sur le sable, je laisse mon esprit dériver, plus rien n'existe que ce petit bout du monde, et puis finalement, plus rien n'existe...
Plus tard, puisqu'il faut bien partir, nous reprenons la route, Danny veut faire un détour pour me montrer un "point de vue". C'est une colline pierreuse, ou tous les 200m on rencontre sur le bord du chemin, un groupe de personnages en ciment peint, censé représenter les "stations" du Christ lors de sa marche vers le Golgotha et sa crucifixion. Ce n'est pas forcément du meilleur goût mais à l'avantage de témoigner de la ferveur religieuse des Philippins. Moi, ça ne me dérange pas et puis ça à l'avantage d'agrémenter le trajet.
Au sommet de la colline, il y à seulement une petite église en ciment nu ouverte à tous les vents. D'ici on voit l'île de Poro et comme le temps est clair, on voit aussi une partie de la grande île de Leyte.
De retour à "La Pascuala" sur Santiago bay, je prends le temps d'une douche et puis je vais manger un morceau sous l'auvent de bambou de ma gargote préférée. Je partage mon porc épicé avec le chiot errant à l'air misérable, que j'ai baptisé: "Petite Misère". C'est un habitué et il ose même mordiller le bas de mon pantalon pour appuyer sa requête comme si son regard misérable ne suffisait pas. Je ne suis pas très "chien" comme gars mais si j'habitais ici, je l'aurais récupéré, ne serait-ce que pour le laver et soigner la vilaine croûte qu'il gratte sans cesse à son oreille. Mais je n'habite pas ici... J'ai apaisé ma faim, le jour décline dans des tons bleutés, "Petite Misère" somnole à mes pieds couché sur le sable, j'entends babiller le bébé de la jeune femme qui m'a servi, encore du calme et de la paix, de la beauté... Si je pouvais en emporter un peu... La nuit tombe doucement sur la baie de Santiago.

 


 

Des personnages de ciment et... une vache vivante

Santiago Bay
"Petite Misère"


La lumière décline sur la baie...

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