Pacijan, au hasard


J'ai pris la route un matin, dans la direction de San Francisco(!), dans le sens opposé de Consuelo. La route est étroite avec de minuscules agglomérations, les gens me regardent du coin de l’œil: un type qui marche, ici c'est très rare. Le scooter est le mode de déplacement favori, pas de marche à pieds, encore moins de vélo ou de jogging! Je me demande si ce n'est pas la raison principale de la faible espérance de vie ici. Sur les Camotes il n'y à pas de pollution, ni d'industries, par contre on mange du porc à la broche et on ne fait pas de sport... En effet, j'ai constaté, au gré de mes visites aux vieux cimetière et à sa plage, que depuis les années 40, les gens ici, mouraient plus jeunes. Entre 50 et 60 ans, les locaux vont dormir pour longtemps dans un de leurs champs de repos idéalement situés il est vrai, en bord de mer. Mais en ce qui me concerne, ce n'est pas une consolation, et je crois que sur le long terme, l'usage du scooter utilisé en toute occasion, même pour des déplacements de plus de 50m, tue autant qu'une bonne pollution chimique, (et je ne parle pas des accidents!).
Donc j'ai marché en bord de route, la végétation près de la mer est encore relativement existante mais dès que l'on s'en éloigne, il n'y à plus que des cocotiers et des arbustes. J'imagine que ce devait être très beau autrefois, quand c'était couvert de jungle. Mais comme l'invention des armes à feu à servi à tuer des hommes, celle de la tronçonneuse à servi à couper les arbres... Malgré mes remarques désespérément négatives, la vie aux Camotes est tranquille et sans stress, on peut louer une maison pour 100 euros par mois, ce qui est bien moins cher que l’hôtel. Les gens sont d'un contact agréable et ils ne s'intéressent pas plus à vous que si vous étiez leur voisin depuis 20 ans et n'avez plus rien à leur apprendre. Mais ils sont souriants et répondent aux salutations avec amabilité.
En contrebas de la route, j'ai repéré ce qui ressemble à une petite plage. Il me faut descendre par un étroit sentier rocheux qui serpente au milieu de la végétation. Au bout, une bande de sable blond, quelque barques colorées, des poules et des cabanes endormies sur le sable. Je m'installe à l'ombre et je mets à sécher mon T-shirt trempé de sueur, l'air est doux et j'ai encore cette sensation de temps arrêté. Des enfants jouent dans l'eau, un chien somnole sous un cocotier, un beau coq se pavane nerveusement autour des barques. dans la petite baie, la mer est si calme qu'il faut tendre l'oreille pour l'entendre. Le charme se romps quand le coq se met à lancer de vigoureuses vocalises  juste derrière moi, et que les enfants viennent aider un pêcheur à tirer sa barque sur la plage. J'étais juste installé sur l'emplacement de la pirogue à balancier, je retire mon T-shirt du cadre de bois planté dans le sable qui sert de support à la coque. Les enfants s'enquièrent de ma nationalité et de mon nom et s'en vont, c'est le signal pour moi de prendre la route du retour, le soleil est haut et tape fort. Un klaxon nasillard retentit dans mon dos, c'est un jeepney verdâtre et fatigué, au volant se trouve la dame qui m'avait déjà transporté en moto vers Consuelo. Non madame, c'est sympa de vouloir m'emmener gratos, mais j'ai le syndrome du vieux loup solitaire et puis je suis censé marcher. La route n'est fréquentée pratiquement que par des scooters et quelque papillons, les chiens couchés à l'ombre sur l'asphalte, sont trop fatigués pour s’intéresser à moi, ils ne bougent même pas quand un scooter les frôle. Une autre journée sur Pacijan, aux Camotes, miettes de terre et de roche sur la mer tiède entre Cébu et Leyte aux Philippines...







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