Printemps..



Cette fois ça y est, c'est vraiment le Printemps, ça pousse, ça bourgeonne, ça pépie et ça bourdonne, la vie est là qui nous emporte, le Printemps comme un vieux vaisseau, de retour des lointaines contrées hivernales, nous emmène vers des pays de fleurs et de miel. Le voyage parfois peut être immobile, juste un petit stimulus, une pichenette du doigt et mon imagination s'emballe, mon coeur gonfle dans ma poitrine, voilà que sur ma vieille carcasse il pousse des ailes toutes neuves qui resplendissent dans les rayons de ce soleil nouveau. Il à l'air tout neuf lui aussi, notre bel astre du jour, il chauffe et caresse à la fois. Il me fait penser à ces bas-reliefs de l'ancienne Égypte ou les rayons du Dieu-Soleil étaient terminés par des mains tendues pour toucher les êtres et les rendre à la vie. Je suis allé au boulot sur mon vélo pour profiter de ce jour bleu et doré, j'ai hébergé une coccinelle, passagère clandestine sur mon bras et un moucheron est venu bourdonner furieusement à mon oreille. Dans un jardin des lilas blancs fleurissaient, orgueilleux et éblouissants, sur le mur la vigne vierge était toute rouge de montrer ses premières feuilles et un lézard gris, sorti de sa torpeur venait offrir les fines écailles de son dos à la clarté chaude qui tombait de la-haut. Chez moi, assis devant mon PC qui s'en fout des saisons,  j'entends les chants des oiseaux tout excités de chercher compagnon, un bourdon lourdaud entre en zonzonnant et finit par se perdre, si bien que je dois l'aider à retrouver le chemin du dehors. Des tourterelles roucoulent sur le toit d'en face, un nuage passe, le ciel s'obscurcit et moi aussi.
Tout d'un coup, je suis orphelin de la lumière, ma joie reste en suspens et je suis bien le seul à qui cela arrive. Il y aura de la pluie, m’ont dit des âmes chagrines, mais la pluie de Printemps, c'est encore le Printemps. Elle donne plus de force aux germes pour frayer leur chemin vers la clarté, rends plus tendre, le vert tendre des bourgeons, elle fait perdre aux arbres fruitiers les derniers pétales qui les fleurissaient. Dire que deux semaines plus tôt il y avait encore du mimosa, les arbustes bleutés étaient encore ornés de ces odorantes touffes de pompons jaunes, puis les grappes de fleurs ont bruni et disparu sans laisser le moindre souvenir. Le Printemps, plus que toute autre saison, nous rappelle à quelle vitesse le temps trace son sillage dans nos existences. C'est le Premier Temps, la première saison, celle des origines de la vie, en Anglais on dit bien "Springtime", le temps de la source, la source de vie, la naissance du monde. Tout cycle de vie est lié à l'eau, en Thaïlande, comme au Laos ou au Cambodge, l'arrivée de l'eau est fêtée par des réjouissances communes. C'est le début d'une nouvelle marque de la roue des existences dans la boue de l'univers et que nous y soyons ou non sensibles nous sommes tous partie prenante, choses nées de la terre, chairs vivantes abreuvées à l'eau du ciel.
Je ne sais pas pour vous, mais moi, le Printemps me donne envie de partir, de faire mon sac pour aller chercher l'Eldorado, le Paradis perdu, la terre promise, de m'envoler vers d'autres horizons pour m'échapper enfin de moi-même et de ma vie, devenus trop pesants pour mon cœur léger... Peut-être est-ce à cause des ailes?




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