La piste oubliée...(epilogue)



Stefano est retourné sur sa plage et moi sur la mienne, mais cette expérience nous à donné envie d'autres randonnées dans des coins peu explorés de l'île. Je sais que c'est un gars solide et que je peux compter sur lui, il aime réellement la nature, ce n'est pas un touriste dilettante qui veut se la péter. En plus il n'a pas ce tic de "voyageur" qui nécessite de voir un nouveau pays à chaque voyage,  pour faire partie de la confrérie. Il aime ce pays, il en à appris la langue et la culture et il aime y revenir, surtout sur Tarutao, ou il passe deux mois, parfois trois. Pour moi, cette balade était la dernière avant de rentrer en France, avant de laisser ici le relatif paradis (mais qui me suffit) pour retrouver un enfer relatif (ça dépends des jours). Rien n'est jamais parfait, à part pour les satisfaits chroniques, heureux mortels. 
Quelques jours plus tard, je quittais l'île pour le continent, je traversais des villes grouillantes et bruyantes, de plus en plus loin d'ici pour rentrer chez moi. Je savais que j'allais vivre comme en hibernation mentale et sensorielle en ne songeant qu'au moment ou j'allais repartir.  J'essaie maladroitement de retrouver les mêmes sensations mais  rien ne peut raviver cet exaltant sentiment de tutoyer la nature, d’approcher l'âme du vivant .

Pour la petite histoire, sur le chemin pour me rendre à Bangkok, je me suis arrêté à Hat Yai ou l'on fêtait le nouvel an Chinois, je suis venu prendre quelque photos du défilé. Il y avait, sur un pick-up supportant une statue de Bouddha, un type qui arrosait les gens d'une sorte d'eau bénite censée porter bonheur pour la nouvelle année, quelque gouttes sont tombées sur mon appareil photo mais je me suis dit qu'il ne risquait plus grand-chose maintenant.
Le lendemain, mon reflex avait retrouvé toutes ses fonctions, je sais bien que l'eau du Bouddha n'y est pour rien mais je fais comme si.. Après tout un peu de magie ne peut pas faire de mal.

Après notre retour de Talo Udang, un couple d'allemands qui jouaient à Robinson Crusöe, genre:" je porte un chapeau de paille que j'ai fait moi-même et je cuisine sur la plage.." Se sont enflammés pour cette nouvelle expérience et se sont mis à clamer qu'ils allaient faire pareil! Ils ont donc couru acheter deux bouteilles de ya dong et ont commencé par en boire une.
Inutile de préciser que cela me gonflait de voir des gens, même (et surtout) ceux qui, soi-disant veulent sortir du lot, se précipiter sur les traces des autres, les nôtres en l’occurrence, sans chercher à tracer leur propre route.
Finalement, je l'ai su par Stefano, qui à quitté l'ile une semaine après moi, les Robinson ont vidé la deuxième bouteille et au bout du compte, se sont déballonnés. Je me suis senti soulagé, pour deux raisons. 
La première étant que je craignais tout de même quelque grave problème pour ces deux andouilles qui croyaient que se balader en forêt en tongs était une promenade de santé genre: "ils l'on fait, alors nous aussi on peut le faire!".
La deuxième, l'intrusion d'une paire d'iconoclastes tapageurs sur cette piste ou nous avions abandonné un peu de nos rêves m'aurait laissé comme une souillure. En fait, les choses vraiment les plus chères à nos cœurs, sont du domaine de la pensée et de l'imaginaire, elles ne supportent pas les traces de doigts pas assez propres...

Quelques images du nouvel an Chinois, Hat Yai, Sud Thaïlande province de Songkhla.



Fanfare de la ville de Hat Yai





Ce sont quand même les Chinois qui ont inventé les pétards..




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