Re: Impressions Cambodgiennes







Dans l'article plus bas, quelque photos du Cambodge, notamment, au milieu d'images plus neutres, celles d'un manifestation pacifique de femmes à Phnom Penh au début du mois de Mars 2014. Ce qui m'avait surtout frappé était le visage épuisé, marqué par les épreuves de ces femmes qui défilaient, des fleurs à la main pour réclamer la libération de maris, de frères ou simplement d'amis, emprisonnés au centre correctionnel 3 et à la prison de Kompong Cham. Leur délit: avoir réclamé un salaire minimum de 160 Dollars par mois pour leur travail dans les usines de vêtements en général et celles gérées par le partenariat Américano-Coréen: "The Carlyle group" et "Yakjin Trading corp." qui possède également des usines au Vietnam et en Indonésie, je vous laisse imaginer les marques fabriquées...La réaction à été brutale dès le début des protestations, en Décembre 2013: tirs à balles réelles sur des gens désarmés, violences, quatre morts sur le carreau, des dizaines de blessés par balles, des dizaines d'arrestations. Les milliards de dollars de profit générés par le commerce florissant de la main d’œuvre et du textile ne peuvent supporter le désordre et chaque dollar accordé aux ouvriers est une perte pour les entreprises...Vive la mondialisation!
Le déploiement de force policière face à des femmes vêtues de blanc et portant des fleurs, montre à quel point le régime craint de perdre ses sources de profit et ses pots-de-vin. Pour finir, les policiers ont embarqué le tambour qui servait à attirer l'attention sur la marche protestataire, il lui ont pris sa voix. Le cortège à continué malgré tout et plusieurs moines en robe orange qui passaient ont rejoint la marche, certainement dans le but d'éviter des violences mais aussi par solidarité. J'ai été ému par le courage de ces femmes en blanc qui, à un moment, se sont agenouillées devant des policiers anti-émeute impassibles, revêtus d'armures en kevlar, munis de casques, de matraques et de boucliers. Il est à préciser que les ouvriers emprisonnés risquent de passer 6 mois en prison avant le procès ou ils risquent jusqu'à 5 années de prison et des amendes qu'ils auront bien du mal à payer.(Le nom "Beoung Kak" inscrit sur le tambour fait certainement référence à un autre conflit, celui de l'expropriation manu militari, par la violence, l'intimidation, ou l'offre d'une dérisoire compensation, des résidents de Beoung Kak lake au profit d'une société immobilière, la Shukaku Inc. dirigée par le sénateur Lao Men Khin, du "Parti du peuple Cambodgien" et président de la chambre de commerce. Il va sans dire, que ce seront des résidences dites "de standing" qui seront construites..)
Il est à noter qu'à l'heure actuelle les tentatives de protestation des ouvriers du vêtement continuent et les "meneurs" sont systématiquement arrêtés, le mouvement tente de s'étendre à l'industrie de la chaussure, Nike serre les fesses, Puma aussi, mais sans plus, les décideurs sans états d'âme, dans les buildings de verre des cités Occidentales, calculent les pertes et profits et les humains n'existent pas, ce ne sont que des ressources comme les autres, on les gère comme la fabrication d'une paire de Levi's: on se débarrasse des malfaçons...
Deux jours plus tard, j'étais à Bangkok, me baladant dans le no man's land autour de Démocracy Monument, longeant les barbelés installés par d'autres protestataires, ici aussi, le sang à coulé mais par contre, je n'ai jamais compris grand-chose, à part qu'il semble y avoir un important clivage entre les paysans du nord-est et les "intellectuels" de Bangkok. Mais tout ceci est un peu trop compliqué pour pouvoir discerner qui à raison et qui à tort, je ne m'y risquerai pas..
Je sais, je devrais me contenter d'être un touriste comme les autres, mais c'est plus fort que moi, je ne peux pas rester indifférent et cela m'énerve au plus haut point quand on confonds le développement d'un pays et le bien-être de sa population la moins aisée. Au Cambodge, sept années après mon premier voyage, après avoir été ému par les blessures encore fraîches de ce peuple, je me suis rendu compte que tout ce courage n'avait servi à rien, que leur combat était loin d'être fini et que les interminables procès de quelque vieillards ex-Khmer rouges, n'était qu'une mascarade, un carnaval médiatique destiné à cacher tout le reste... Je ne suis pas un communiste blanchi sous le harnais ni quoi que ce soit d'autre, je n'ai jamais appartenu à aucune secte de bien-pensants, je hais les dogmes, seule ma sensibilité me guide, je préfère le dire avant de me faire coller une inévitable étiquette, tant il est hors de propos, lorsqu'on parle de voyages d’émettre une opinion un tant soit peu "politique". J'ouvre les yeux, c'est mon défaut, si vous allez au Cambodge ou ailleurs, essayez d'en faire autant et sachez que vous ferez plus pour le développement d'un pays en allant manger dans un petit restau d'un quartier populaire qu'en prenant une chambre dans un hôtel de luxe.

PS: Un site sur le sujet évoqué plus haut :http://webdoc.france24.com/cambodge/textile/

Commentaires

  1. "des ressources comme les autres, on les gère comme la fabrication d'une paire de Levi's: on se débarrasse des malfaçons..."
    Tout est dit.

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