Rebelote!

Le soir, au petit restau, après que je me sois sustenté avec l'aide d'un délicieux Pad Thai  concocté par Tam, excellente cuisinière et épouse de Pitcha, on à beaucoup discuté, j'ai appris que Stefano, mon pote Italien, un habitué, arriverait dans quelque jours, et que ce temps de chiottes durait déjà depuis  un moment. Kaï, le joyeux compagnon, venait s'asseoir à ma table entre deux clients, et balançait quelque vannes, histoire de garder la forme et puis, comme j'étais un peu crevé, je suis parti me coucher. Dans la nuit, il est tombé des cordes, la tente prenait un peu l'eau malgré la bâche, les joies du camping, quoi... C'est le lendemain, profitant de mon absence que la bande des punk à réitéré sa tentative de pillage. Prudent, j'avais tout emballé dans les sacs, bien bouclés, mais j'ai quand même eu droit à un autre trou dans ma tente, là je me suis dit que j'allais me rapprocher de la civilisation et m'éloigner un peu de la jungle. Avec l'aide du placide Pitcha, j'ai déménagé d'une cinquantaine de mètres mais il m'a fallu improviser avec du bois flotté pour tendre la bâche, ensuite, profitant d'une éclaircie je suis allé me balader en forêt, j'ai testé mon GPS, et sur une colline j'ai essuyé un gros orage. Sous les grands arbres, ce n'était pas forcément le meilleur endroit  pour être en sécurité, ça grondait et tonnait, mes chaussures étaient trempées et moi aussi, même sous le poncho. J'ai glissé plusieurs fois dans la boue, la forêt était toute sombre et les feuilles luisaient comme enduites de vernis, finalement, au bout de quelques heures, j'ai décidé de rentrer en me fiant à la flèche du GPS qui pointait vers mon point de départ. Facile! me suis-je dit, eh bien non, dans la jungle, la ligne droite n'est pas le meilleur chemin, je me suis empêtré dans les lianes, les branches, j'ai pataugé dans un terrain spongieux et glissant plein de mares boueuses et même avec l'aide de mon coupe-coupe bien affûté, j'ai galéré comme un malade, comme quoi on peut être perdu sans l'être. J'ai finalement réussi à regagner la route dans l'état d'une vieille serpillère, sale et trempé, craignant pour mon appareil photo dans le sac humide. Quand j'ai regagné mes pénates, j'ai tout de suite compris que quelque chose n'allait pas: il y avait une grosse déchirure sur le côté de la tente, par ou une main simiesque et malfaisante avait tenté d'extraire un sac en nylon contenant de la lessive et une brosse, les singes, bien sûr, encore eux! Les saletés de quadrumanes avaient encore frappé! Sur le coup, je me suis dit que j'allais faire un carnage, fabriquer à leur intention une arme de destruction massive, opérer une vengeance sanglante, et puis j'ai réfléchi à froid, en évacuant toute idée de violence sanguinaire à l'encontre de mes frères primates, je devais la jouer en finesse. J'ai passé le reste de la journée à fabriquer un système de défense du style guerre du Vietnam en entourant ma tente de pieux de bambou effilés et de filets de pêcheur récupérés sur la plage, le tout agrémenté des fruits toxiques du Barringtonia, pour faire bonne mesure, car j'avais remarqué que les macaques évitaient soigneusement ces beaux arbres aux larges feuilles brillantes plantés en bord de mer. Mon campement est devenu un endroit redoutable aussi bien défendu que fort Knox et aussi peu engageant que la citadelle du seigneur des ténèbres! Eh bien, croyez-moi si vous voulez, ça à très bien marché! Les singes sont bien comme les humains, malfaisants mais couards, et à partir de ce moment, ils m'ont fichu la paix, Kaï m'a donné un lance-pierre, qui m'a servi à faire de temps en temps, une petite piqûre de rappel, c'était inutile du point de vue stratégique mais ça détend, en plus je suis très mauvais tireur, les singes ne le sachant pas, ça faisait tout de suite son petit effet...

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