L'invité surprise (5)
Oui, je connais la signification de ce mot, fit sa divine grâce en dressant sa tête chauve comme un cobra énervé, pouvons nous commencer? Commencer quoi? j'ai demandé. Il effleura son galet blanc, qui vira au bleu turquoise, à travailler fit-il, d'un air sérieux qui allait bien avec son côté rigide. Je fis oui, de la tête: allez-y, ouvrez le feu! Ah, une métaphore! très bien! fit-il, l'air ravi, lui, je me dis qu'il avait pris "littéraire" dans ses cours de langue Française, je l'aurais parié, et j'aurais gagné du fric.
Avez-vous une religion? lança-t'il, sans attendre, répondez simplement, essayez de ne pas vous référer à vos lectures... Il m'avait un peu pris de court,: Non, j'ai dit, pas au sens strict du terme, vous, maintenant, je sais que vous existez, mais Dieu...En plus de ça, je vomis les dogmes, les obligations à la con, les interdits, pour moi, seul compte le comportement d'un individu, quel que soit sa place au sein d'une société et... il me coupa la parole en levant sa longue main à quatre doigts: c'est bien, dit-il, vous avez répondu, vous... (il toussota sur un ton aigu) vous "vomissez" les dogmes, dites-vous, qu'entendez-vous par là? J'avais une réponse simple à sa question, mais je me demandais si je ne fayotais pas un peu, connaissant par l'entremise de Zeb, leurs propres idées sur le sujet: Je m'éclaircis la voix: ce n'est pas en obligeant un individu à se comporter d'une certaine manière, que l'on peut le rendre meilleur, répondis-je, il se contente de cacher sa vraie nature... Zeb, dans son coin, ne bougeait pas d'un cil, je reportai mon regard sur le vieux. Il ouvrit la bouche, sans hâte: Et... il laissa passer un silence que je jugeai théâtral, il dosait ses effets, quel est le comportement idéal, selon vous? Je n'avais pas trop à réfléchir, maintenant que j'étais chaud, cela sortait tout seul: C'est une évidence dis-je, Le respect de la vie, le respect de toute vie, est une chose primordiale, elle doit venir d'une prise de conscience, honnêteté, charité, compassion, en découlent, ce sont les qualités primordiales, et je n'ai rien inventé, je ne suis pas un expert, mais je crois que cela existe dans toutes les religions, mon opinion est, que cela doit venir d'un cheminement intérieur et non d'une obligation... Je ne jugeai pas utile d'ajouter quoi que ce soit et je me tus. Sa Sérénité me dévisagea un instant, sans expression visible, puis reprit son questionnaire, j'avais l'impression, et ce n'était pas qu'une impression, d'être "interviouvé" sur Canal Alien, "la chaîne qui vous étonne!". Et vous, demanda Papy, ou vous situez-vous, dans cette opinion?, comment considérez-vous, votre propre "cheminement intérieur" à titre personnel? Là encore, j'avais une réponse sans fioritures à fournir, et elle m'attristait un peu mais sans plus: Parfaitement inachevé, Monsieur, ai-je répondu avec une humilité un peu forcée, même la simple approche de cet idéal est très difficile pour moi, j'ai bien peur de ne pas être taillé pour une expérience mystique.. j'avais à peine fini ma phrase, qu'il renchérit: Pourquoi donc? Je soupirai, je savais qu'il avait déjà la réponse: Nous sommes une espèce tellement ambivalente, avec des pulsions encore tellement... animales...( ça m'ennuyait de dire le mot: "primitives", devant eux), que nous devons lutter sans cesse, si nous voulons être meilleurs et je ne suis sûrement pas le plus qualifié pour donner des conseils, je sais ce que je dois faire, mais j'ai du mal à le faire... Pourtant, fit-il, avec l'air d'un chat qui guette une souris, ne pensez-vous pas que les religions sont utiles, dans la mesure ou elles permettent au moins à un minimum de personnes de progresser spirituellement? Ces questions commençaient à me bassiner, sans doute à cause du fait que je devais remettre mes raisonnement en cause. Certainement... fis-je en étouffant un bâillement, mais il y en à aussi que ça rends plus cons, croire que l'on détiens une vérité, surtout si on ne peut pas la prouver de manière rationnelle, ça ne rends pas tolérant, n'est-ce pas Mon Père? Zeb sursauta, mais le Prof ne broncha pas. Mon opinion n'est pas requise, dit-il un peu froidement. Il me posa encore quelque questions autour du même sujet, on aurait cru un examen pour entrer au séminaire; plus tard et sentant sans doute l'ennui me gagner, Il effleura son galet qui redevint blanc; J'aurais bien aimé connaître tous les usages de ce truc. Bien, dit-il en se levant, c'est assez pour aujourd'hui, nous ne pouvons nous attarder plus longtemps, mais je pense revenir vous visiter, si vous me donnez votre agrément. Vos opinions m'intéressent et cette conversation est importante pour mes recherches, surtout dans la mesure ou je n'en ai jamais vraiment eu d'autre... Merci, dis-je, sans sourire du tout, je faisais juste du remplacement pour un bouseux hystérique du Moyen-âge, ça fait toujours plaisir. Je vous remercie de votre compréhension, continua le vieux, avec l'amabilité du gars qui cause à sa cafetière, vous n'imaginez pas ce que représente pour moi un tel dialogue. Je fis "oui" de la tête, je vous le donne, cet agrément, je serai ravi de vous revoir, affirmai-je en me forçant un peu. Au moins, il était poli, c'était déjà ça, mais ses grands airs, me gonflaient un peu, la seule chose dont je ne lui tenais pas rigueur, finalement, c'était son côté "vieille France", pour un étranger de l'espace, c'était assez inattendu. Je dois dire aussi que ça cassait ma routine, aucun jour n'est pareil, un jour vous ne croyez à rien, le lendemain vous dégustez un assiette de spaghetti au fromage avec un touriste d'une autre planète qui s'exprime comme le plombier, dans la foulée, vous rencontrez un scientifique de la même provenance, vieux de plusieurs millénaires c'est la cerise sur le gâteau! Ce n'était plus une rencontre du troisième type, il y aurait matière à inventer une catégorie, supplémentaire, un quatrième ou cinquième type...Il me tendis sa longue main grise, tandis que je la serrai modérément, son regard me scrutait et il me sembla un peu moins froid, moins...clinique. Je trouvais seulement son intérêt pour les religions un peu bizarre, mais qu'est-ce qui ne l'est pas, avec un tel interlocuteur? A bientôt votre Éminence, fis-je en faisant une courbette, et que Dieu vous garde! ajoutai-je malgré Zeb qui me faisait les gros yeux. Le vieux tourna les talons sans broncher, normal, après tout je n'étais qu'un humain! et mon pote qui l'était presque, me fit un salut de la main, ils disparurent dans la nuit. Un peu plus tard, resté pensif sur le pas de ma porte, je crus voir une lueur dans le ciel, mais je n'étais pas sûr de sa réalité, peut-être avais-je voulu seulement la voir?
(re-à suivre...)
Avez-vous une religion? lança-t'il, sans attendre, répondez simplement, essayez de ne pas vous référer à vos lectures... Il m'avait un peu pris de court,: Non, j'ai dit, pas au sens strict du terme, vous, maintenant, je sais que vous existez, mais Dieu...En plus de ça, je vomis les dogmes, les obligations à la con, les interdits, pour moi, seul compte le comportement d'un individu, quel que soit sa place au sein d'une société et... il me coupa la parole en levant sa longue main à quatre doigts: c'est bien, dit-il, vous avez répondu, vous... (il toussota sur un ton aigu) vous "vomissez" les dogmes, dites-vous, qu'entendez-vous par là? J'avais une réponse simple à sa question, mais je me demandais si je ne fayotais pas un peu, connaissant par l'entremise de Zeb, leurs propres idées sur le sujet: Je m'éclaircis la voix: ce n'est pas en obligeant un individu à se comporter d'une certaine manière, que l'on peut le rendre meilleur, répondis-je, il se contente de cacher sa vraie nature... Zeb, dans son coin, ne bougeait pas d'un cil, je reportai mon regard sur le vieux. Il ouvrit la bouche, sans hâte: Et... il laissa passer un silence que je jugeai théâtral, il dosait ses effets, quel est le comportement idéal, selon vous? Je n'avais pas trop à réfléchir, maintenant que j'étais chaud, cela sortait tout seul: C'est une évidence dis-je, Le respect de la vie, le respect de toute vie, est une chose primordiale, elle doit venir d'une prise de conscience, honnêteté, charité, compassion, en découlent, ce sont les qualités primordiales, et je n'ai rien inventé, je ne suis pas un expert, mais je crois que cela existe dans toutes les religions, mon opinion est, que cela doit venir d'un cheminement intérieur et non d'une obligation... Je ne jugeai pas utile d'ajouter quoi que ce soit et je me tus. Sa Sérénité me dévisagea un instant, sans expression visible, puis reprit son questionnaire, j'avais l'impression, et ce n'était pas qu'une impression, d'être "interviouvé" sur Canal Alien, "la chaîne qui vous étonne!". Et vous, demanda Papy, ou vous situez-vous, dans cette opinion?, comment considérez-vous, votre propre "cheminement intérieur" à titre personnel? Là encore, j'avais une réponse sans fioritures à fournir, et elle m'attristait un peu mais sans plus: Parfaitement inachevé, Monsieur, ai-je répondu avec une humilité un peu forcée, même la simple approche de cet idéal est très difficile pour moi, j'ai bien peur de ne pas être taillé pour une expérience mystique.. j'avais à peine fini ma phrase, qu'il renchérit: Pourquoi donc? Je soupirai, je savais qu'il avait déjà la réponse: Nous sommes une espèce tellement ambivalente, avec des pulsions encore tellement... animales...( ça m'ennuyait de dire le mot: "primitives", devant eux), que nous devons lutter sans cesse, si nous voulons être meilleurs et je ne suis sûrement pas le plus qualifié pour donner des conseils, je sais ce que je dois faire, mais j'ai du mal à le faire... Pourtant, fit-il, avec l'air d'un chat qui guette une souris, ne pensez-vous pas que les religions sont utiles, dans la mesure ou elles permettent au moins à un minimum de personnes de progresser spirituellement? Ces questions commençaient à me bassiner, sans doute à cause du fait que je devais remettre mes raisonnement en cause. Certainement... fis-je en étouffant un bâillement, mais il y en à aussi que ça rends plus cons, croire que l'on détiens une vérité, surtout si on ne peut pas la prouver de manière rationnelle, ça ne rends pas tolérant, n'est-ce pas Mon Père? Zeb sursauta, mais le Prof ne broncha pas. Mon opinion n'est pas requise, dit-il un peu froidement. Il me posa encore quelque questions autour du même sujet, on aurait cru un examen pour entrer au séminaire; plus tard et sentant sans doute l'ennui me gagner, Il effleura son galet qui redevint blanc; J'aurais bien aimé connaître tous les usages de ce truc. Bien, dit-il en se levant, c'est assez pour aujourd'hui, nous ne pouvons nous attarder plus longtemps, mais je pense revenir vous visiter, si vous me donnez votre agrément. Vos opinions m'intéressent et cette conversation est importante pour mes recherches, surtout dans la mesure ou je n'en ai jamais vraiment eu d'autre... Merci, dis-je, sans sourire du tout, je faisais juste du remplacement pour un bouseux hystérique du Moyen-âge, ça fait toujours plaisir. Je vous remercie de votre compréhension, continua le vieux, avec l'amabilité du gars qui cause à sa cafetière, vous n'imaginez pas ce que représente pour moi un tel dialogue. Je fis "oui" de la tête, je vous le donne, cet agrément, je serai ravi de vous revoir, affirmai-je en me forçant un peu. Au moins, il était poli, c'était déjà ça, mais ses grands airs, me gonflaient un peu, la seule chose dont je ne lui tenais pas rigueur, finalement, c'était son côté "vieille France", pour un étranger de l'espace, c'était assez inattendu. Je dois dire aussi que ça cassait ma routine, aucun jour n'est pareil, un jour vous ne croyez à rien, le lendemain vous dégustez un assiette de spaghetti au fromage avec un touriste d'une autre planète qui s'exprime comme le plombier, dans la foulée, vous rencontrez un scientifique de la même provenance, vieux de plusieurs millénaires c'est la cerise sur le gâteau! Ce n'était plus une rencontre du troisième type, il y aurait matière à inventer une catégorie, supplémentaire, un quatrième ou cinquième type...Il me tendis sa longue main grise, tandis que je la serrai modérément, son regard me scrutait et il me sembla un peu moins froid, moins...clinique. Je trouvais seulement son intérêt pour les religions un peu bizarre, mais qu'est-ce qui ne l'est pas, avec un tel interlocuteur? A bientôt votre Éminence, fis-je en faisant une courbette, et que Dieu vous garde! ajoutai-je malgré Zeb qui me faisait les gros yeux. Le vieux tourna les talons sans broncher, normal, après tout je n'étais qu'un humain! et mon pote qui l'était presque, me fit un salut de la main, ils disparurent dans la nuit. Un peu plus tard, resté pensif sur le pas de ma porte, je crus voir une lueur dans le ciel, mais je n'étais pas sûr de sa réalité, peut-être avais-je voulu seulement la voir?
(re-à suivre...)
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Allez, sois pas timide!