Partir...

...Passé le bruyant port de pêche et ses marins aux épaules noircies par le feu du ciel, j'arrive à une cocoteraie toute baignée d'ombre caressée par une brise douce. Un havre de paix, planté de simples habitations de bois colorées et de cabanes au toit de palmes. Des filets sèchent, les gens vont, sans hâte, des enfants à la peau d'acajou sombre, jouent dans une mer si cristalline qu'elle existe à peine, un chien me jette un aboiement las, pour la forme, histoire de faire son boulot de chien, et se recouche au frais.
Tout là bas, au milieu des roches déchiquetées qui ferment la plage, je trouve un trou d'ombre et ne résiste pas à l'envie de me plonger dans cette eau qui me paraît un habit de fraîcheur, fait de draperies transparentes, souples et ondoyantes.
Le bonheur, ce sont des instants si fuyants, éphémères, que l'ont pourrait presque oublier les avoir vécus. Ma poitrine et mes yeux s'emplissent d'images bleues baignées d'une clarté éblouissante et ma peau boit le silence salé de l'océan. Dans le voyage, je souffre et je jouis, je nais mille fois, des parcelles de moi, grises et froides sont remplacées...non, plutôt elles meurent et revivent à nouveau, chaudes et scintillantes et ma seule tristesse réside dans le fait que je suis impuissant à le décrire.
Tant que je peux partir, abandonner ma coquille et la lourdeur de mes habitudes, je ne meurs pas, je fuis le temps et il met du temps à me retrouver. Quelque part, en quelque jours, je me refais une vie, je ne suis plus le même, les heures glissent comme des ombres devant ma frêle porte et ne me voient pas, je suis caché, vêtu seulement de la lumière des sourires amis et du cristal des pluies de mousson...

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